Que m’importe que tu sois sage?
Sois belle! Et
sois triste! Les pleurs
Ajoutent un
charme au visage,
Comme le fleuve
au paysage;
L’orage
rajeunit les fleurs.
Je t’aime
surtout quand la joie
S’enfuit de ton
front terrassé;
Quand ton coeur
dans l’horreur se noie;
Quand sur ton
présent se déploie
Le nuage
affreux du passé.
Je t’aime quand
ton grand oeil verse
Une eau chaude comme le sang;
Quand, malgré ma main qui te berce,
Ton angoisse, trop lourde, perce
Comme un râle d’agonisant.
J’aspire, volupté divine!
Hymne profond, délicieux!
Tous les sanglots de ta poitrine,
Et crois que ton coeur s’illumine
Des perles que versent tes yeux!
-Charles Baudelaire